À Pointe-Noire, rares sont les édifices coloniaux ayant résisté à l’épreuve du temps. Parmi eux, la Villa Antonetti se distingue par sa remarquable conservation architecturale et sa valeur symbolique. Ancienne résidence du gouverneur général de l’Afrique équatoriale française, cette bâtisse emblématique constitue un précieux témoignage du passé, désormais reconvertie en établissement hôtelier en plein cœur de la ville.
À Pointe-Noire, plusieurs bâtiments anciens témoignent encore du riche passé colonial de la ville. Parmi eux, on peut citer l’hôtel de ville, la gare ferroviaire, l’ancien siège de la Compagnie forestière Sangha Oubangui (CFSO), aujourd’hui occupé par la DIRATT, ou encore le bâtiment abandonné de l’école primaire Jean-Félix Tchicaya. Ces édifices, érigés selon une architecture coloniale caractérisée par une succession d’arcades sur les façades principales, allient histoire et modernité.
Dans cette même lignée s’inscrit la Villa Antonetti, construite au début des années 1930. Cette demeure fut la résidence officielle de Raphaël Antonetti, gouverneur général de l’Afrique équatoriale française (AEF), sous l’autorité duquel furent menés à terme, entre 1924 et 1934, les travaux du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) et amorcée la construction du port de Pointe-Noire.

La villa, conservée dans son style architectural d’origine, se distingue par sa façade ornée de deux pignons avancés couverts d’une toiture en V inversé, surmontant un perron à balustrade. Située en retrait des immeubles bordant le boulevard Charles de Gaulle, elle demeure, malgré les mutations urbaines, un lieu chargé de mémoire.
Aujourd’hui reconvertie en bar-restaurant et site d’hébergement, elle continue de susciter l’intérêt au cœur du centre-ville, non loin du rond-point Antonetti, où se dresse une stèle en bronze érigée à l’époque coloniale. On peut y lire : « Raphaël Antonetti 1872-1938, gouverneur général de l’AEF de 1924 à 1934. Pendant les dix années de sa présence au Congo, il fut l’artisan inlassable de la construction du Chemin de fer Congo-Océan ».
Raphaël Valentin Marius Antonetti en quelques mots
Né le 7 décembre 1872 à Marseille et décédé le 7 avril 1938 à Paris, Raphaël Antonetti fut un administrateur colonial français. Durant sa carrière, il exerça diverses fonctions : secrétaire général des colonies, puis gouverneur dans plusieurs territoires de l’Afrique de l’Ouest, notamment au Dahomey (actuel Bénin) entre 1909 et 1911, au Haut-Sénégal-Niger entre 1914 et 1917, puis en Côte d’Ivoire de 1918 à 1924.

En 1924, il est nommé gouverneur général de l’AEF, succédant à Victor Augagneur. Il exerce cette fonction pendant une décennie, supervisant la construction du CFCO, projet titanesque et controversé. Long de 512 km, le chemin de fer à voie métrique (1,067 mm) comprenait 12 tunnels et 172 ponts et viaducs. Le chantier, qui a coûté 930 millions de francs de l’époque (soit environ 667 millions d’euros actuels), fut émaillé de drames humains: on estime entre 17 000 et 20 000 le nombre d’ouvriers morts ou mutilés sur les 127 000 recrutés.
Cette tragédie fut dénoncée par des intellectuels français, dont André Gide dans Voyage au Congo (1927), ou le journaliste Albert Londres dans Terre d’ébène, qui fustigèrent les pratiques brutales de l’administration coloniale.
Malgré ces critiques, Antonetti inaugura en grande pompe le CFCO le 10 juillet 1934, après avoir lui-même survécu à un accident sur le chantier du viaduc de Mont Mbamba, lors d’une visite d’inspection.
Après dix ans à la tête de l’AEF, Antonetti prend sa retraite en 1934. Il s’éteint à Paris en 1938, à l’âge de 65 ans, laissant derrière lui un héritage aussi controversé que marquant…
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