Les Kasséna, une ethnie que l’on retrouve à Tiébélé, dans la Province du Nahouri, chef-lieu Po, région du Centre-sud, ont une architecture particulière qui les distingue des autres ethnies du Burkina Faso. Construites en terre stabilisée à l’aide de matériaux comme la bouse de vache, les maisons kassena offrent un confort aux habitants. Allons à la découverte d’une architecture chargée aussi bien de potentiel touristique, culturel que architectural.
Tiébélé, ce village situé à une trentaine de kilomètres à l’Est de Po, chef-lieu de la province du Nahouri dans la région du Centre-sud, est une attraction touristique pour les nombreux expatriés qui font le pèlerinage du Burkina. Cela, pour son potentiel touristique. Il s’agit également d’une curiosité pour les nationaux qui vont à la découverte de leur pays.
Dans ce village Kasséna, une parmi la soixantaine d’ethnies que compte le pays des Hommes intègres, l’on découvre des constructions très anciennes qui suscitent encore la curiosité des visiteurs. Trois types d’habitation identifient distinctement ce village. La maison authentique se compose de 2 pièces, d’une cuisine intérieure et d’une chambre. Installés dans ces lieux dans les années 1600, les Kasséna ont eu recours à cette construction pour se protéger des bêtes sauvages qui dévoraient les habitants dans leurs concessions. Un plus tard, lors des guerres tribales, cette architecture leur a permis de se protéger des assaillants.
«L’ennemi qui attaquait de l’extérieur avait du mal à atteindre sa cible de l’intérieur. Le muret à l’entrée fait obstruction aux flèches tirées. Et même, quand l’adversaire était à court de flèches, s’il persistait pour entrer dans la case, il fallait qu’il fasse trois mouvements : s’accroupir, se redresser et enjamber. Derrière le muret, le chef de famille était positionné avec une machette, et coupait la tête de l’ennemi», racontent les occupants actuels de la maison qui sert de cour royale et qui est connue des touristes.
Aussi appelées maisons authentiques, les jeunes filles y vivent avec leurs grands-parents jusqu’à leur mariage. Car, selon la tradition kassena, l’éducation des jeunes filles incombe aux grands-parents qui les préparent à la vie d’épouses.
Des dessins pleins de signification
Le deuxième type de maison est de forme rectangulaire. Il est construit pour les jeunes couples de la famille. «Lorsqu›un jeune homme se marie dans le pays de Kassena, une maison rectangulaire doit être construite pour lui et il y vivra avec sa nouvelle épouse», précisent les habitants de ce village. Le troisième type de concession est de forme ronde avec un toit en paille. C’est la maison du célibataire.
Ces maisons bénéficient d’une mise à niveau chaque année. Pour l’occasion, les femmes et les jeunes filles de la concession, aidées par les hommes qui apportent les matériaux, refont le crépissage des maisons. Des dessins sont faits sur les revêtements. Ce sont des transcriptions qui relatent l’histoire des Kassena.
Il y a des dessins tels que la pipe, les cauris, des signes géométriques. Selon les gourounsi de Tiébélé, la pipe symbolise un cadeau que le petit-fils donne à son grand-père en guise de bon retour d’un voyage. Il y a aussi des losanges et des carrés qui représentent des motifs de pagnes. Les barres symbolisent des empreintes d’éperviers et de poulets.
Une technique architecturale particulière…
Les habitats fascinent, en plus de leurs potentiels touristiques, par la technique architecturale. Construites avec de la terre stabilisée grâce à différents matériaux dont la bouse de vache, les maisons kassena offrent un confort aux habitants. «Il fait froid pendant la chaleur (mars, avril) et il fait chaud pendant la période du froid (de novembre à févier)», témoigne un chercheur sur l’architecture kassena.
En clair, ces habitats garantissent à ceux qui y habitent le confort qu’offrent les maisons construites en terre stabilisée. Elles offrent une bonne isolation thermique, une bonne isolation phonique, une imperméabilité, un confort intérieur, un emploi d’un matériau naturel (latérite), une régulation de la température intérieure notamment et un délai de construction plus court.
Sur le plan économique, elles permettent de se passer de l’utilisation de matériaux tels que le ciment, le fer, le gravier et la peinture. Les maisons kassena font preuve de durabilité et avec l’entretien annuel, les murs ne présentent pas de fissure et gardent leur éclat habituel. Sur le plan environnemental, l’économie de matériaux tels que le ciment, le gravier, le fer permet de réduire les consommations d’énergie fossile.
Si cette architecture fascine les touristes, il existe malheureusement peu de recherches des professionnels de l’architecture burkinabè sur les maisons kassena. Preuve, peut-être, du peu d’intérêt qu’elles suscitent chez les architectes burkinabè. Alors qu’avec les effets des changements climatiques, le renchérissement de la vie, la flambée des prix des matériaux, la terre stabilisée et les matériaux locaux pourraient être des alternatives dans la construction dans les grandes villes. Il devient donc important d’accorder un intérêt à ce type de constructions pour le grand-bien des populations.
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